🤕 Aviation urbaine : des rêves envolés ?

Aviation du futur : des rêves envolés ?

Cette semaine, Londres, c'était bien plus que des fish and chips et des parapluies, j’ai participé à la conférence revolution.aero. C’est la réunion d’un écosystème riche : fabricants, opérateurs, installateurs d’infrastructure, éditeurs de logiciels, financeurs. C’est ici que se dessinent les contours des cieux de demain.

Je vous partage quelques scenarios émis par les experts présents :

L'aviation urbaine et les taxis volants, ce n’est pas pour demain

Imaginez un peu : des taxis qui volent au-dessus des embouteillages. Non, ce n'est pas un remake du 5e sens, mais bien l’ambition des acteurs de l'Urban Air Mobility (UAM). Les eVTOL (Electric Vertical Take-Off and Landing) pourraient transformer nos villes en véritables terrains de décollage et d'atterrissage entre les vertiports (oui, c’est le nouveau mot branché pour héliport, mais pour les avions électriques).

Cependant, ce n’est sûrement pas la première transformation que nous allons voir s’installer dans notre quotidien (en tous cas en Europe et en Amérique du Nord) tant les contraintes politiques, urbanistiques, et techniques sont loin d’être résolues.

Les pionniers surcapitalisés en tête de course

Des géants comme Archer, Volocopter, Lilium et Joby Aviation ont levé des montagnes d'argent lors de la folie des SPACs en 2021. Mais ce n'est pas qu'une simple partie de plaisir, de nombreux challenges restent encore à être relevés. Les batteries actuelles dérivées des automobiles, ne suffisent pas pour alimenter ces projets ambitieux. Les systèmes de gestion de trafic aérien doivent également évoluer pour gérer cette nouvelle dimension, et bien sûr, il faudra former une armée de nouveaux pilotes. Peut-être que le prochain Top Gun suivra les épopées de pilotes de taxis volants ?

Seuls les projets les mieux capitalisés pourront survivre à la période de sécheresse des capitaux que l’industrie traverse.

Aviation régionale : voyager plus léger

Passons maintenant à l'aviation régionale. Moins de 1000 km à parcourir, souvent moins de 15 places, et voilà que les petits aérodromes locaux deviennent les stars de la scène. Fini les longs trajets pour se rendre dans les grands aéroports en périphérie des villes, on décolle quasiment du coin de la rue. Aujourd’hui, l’aviation régionale électrique reste plus chère de 50% qu'un vol équivalent, mais elle réduit considérablement le temps entre votre porte d’entrée et votre destination finale. En prenant en compte le trajet vers l’aéroport de départ, et depuis l’aéroport d’arrivée, la petite aviation électrique n’est plus si irréaliste…

Plusieurs approches pour l'aviation régionale :

• 100% Électrique : C’est une approche plébiscitée, mais la capacité limitée et le poids des batteries actuelles pose encore problème.

• Hydrogène : On explore également cette piste, mais l’infrastructure de production et de distribution est encore à développer.

• Hybride : Une combinaison des deux pour un compromis efficace, comme pour la voiture.

• Retrofit : Moderniser les anciens avions avec de nouvelles technologies. Cela permet de rentre électrique une flotte d’aéronefs déjà certifiés.

• Hydravions : Pour les destinations maritimes et fluviales, quoi de mieux qu’un avion qui se transforme en bateau pour transformer tout plan d’eau en piste d’atterrissage et de décollage ?

Mais attention, tout cela n'est pas sans embûches. Les infrastructures doivent évoluer. La marche à suivre est la suivante : entourer les aérodromes de fermes solaires et éoliennes, et brancher tout ça à une borne de recharge sur le tarmac. Plus facile à dire qu’à faire…

Et la logistique n’est pas simple. Un vol entre Limoges et Rodez ne remplira pas forcément une ligne régulière. Il faut donc des outils logiciels de réservation prédictifs pour assigner les avions aux trajets « à la demande ». Un peu comme Uber, mais pour les airs.

Le cargo à l'avant-garde des innovations

C'est probablement le secteur du fret aérien qui verra ces innovations mises en pratique en premier. On observe déjà des lignes de livraison par drone aux Émirats et en Chine, travaillant à grande échelle entre les aéroports et les lieux de livraison pour une logistique rapide. En Afrique, c'est également un cas intéressant avec des applications médicales qui ont prouvé leur rentabilité. Les drones y transportent du sang et des médicaments dans des zones isolées, sauvant des vies là où les routes ne le permettent pas.

Dans le domaine du cargo B2B, les applications innovantes peuvent être mises en œuvre plus rapidement que dans le secteur B2C. Le B2B ne requiert pas le même aspect d'image culturelle, ce qui rend l'implantation de nouvelles technologies plus facile. En d'autres termes, les entreprises ont une plus grande capacité à s’adapter aux changements technologiques que la population.

La longue distance en attente de révolution

Et pour les longs trajets, qu’en est-il ? Les avions électriques actuels les plus aboutis visent une capacité de 15 personnes maximum, et l’autonomie des batteries ne sont pas encore à la hauteur pour les vols de longue distance. On parle ici d'avions hybrides comme solution potentielle, mais ce n'est pas pour tout de suite.

Aujourd'hui, les avancées dans les batteries sont prometteuses, mais il reste encore un long chemin à parcourir avant que les vols transatlantiques ne deviennent verts.

Alors, ce n’était qu’un mirage ?

Si l’on en croit les experts du secteur, non. C’est juste une prise de conscience un peu brutale des challenges que doit surmonter cette industrie qui vise à révolutionner notre mobilité (rien que ça).

Et comme toutes les technologies révolutionnaires, elle passe par des phases de désillusion…

La citation de la semaine 🪶

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