🔥 Quand la conduite autonome part en fumée

Auto-dafé et Humanopilote

San Francisco célébrait le nouvel an chinois le 11 février dernier. La foule qui remplissait China Town hurlait au son des explosions de pétards. N’importe quel chauffeur de taxi aurait évité la zone…

Mais ce ne fut pas le cas d’un taxi autonome opéré par Waymo, filiale de Google, et les conséquences furent désastreuses. Le taxi a essayé de se frayer un chemin au milieu des milliers de jeunes en liesse, ce qui ne plu pas à la foule qui s’en est rapidement prise au véhicule. Quelques minutes plus tard, le véhicule finissait en flammes.

Ce n’est malheureusement pas le seul déboire du leader des taxis autonomes :

• En décembre 2023, deux taxis Waymo ont percuté le même véhicule qui se faisait remorquer par une dépanneuse, entrainant un premier rappel de la flotte.

• En mai 2024, un autre véhicule de la flotte a percuté un poteau téléphonique, entrainant le second rappel de 672 véhicules autonomes en juin 2024.

En parallèle des débuts mitigés des premiers taxis autonomes, la start-up allemande Vay promeut la téléconduite.

La question nous brûle les lèvres : les voitures autonomes (AV) ont-elles encore un avenir ?

La réponse est « oui mais » cet avenir est conditionné par la capacité de l'industrie à surmonter les défis de sécurité, réglementation, technologie et l’acceptation publique. En effet, l’attaque du véhicule américain est en réalité une sanction des résidents à l’encontre des AV qui perturbent le trafic, bloquent des véhicules d'urgence et qui sont impliqués dans des accidents.

En octobre 2023, un AV de la société Cruise a trainé sur plusieurs mètres un piéton qui s’était fait percuter par un autre véhicule et projeter sous les roues du véhicules autonome, au lieu de s’arrêter. L’enquête des autorités californiennes et fédérales a révélé que l’incident était lié à des défaillances techniques, obligeant Cruise à rappeler 950 voitures autonomes, et à suspendre ses tests.

Ces incidents ont obligé la Californie à durcir sa réglementation, poussant certaines entreprises, comme la chinoise Didi, à cesser leurs tests.

Pourtant, les rapports le démontrent, les AV sont déjà plus sûrs que les conducteurs humains. Le leader Waymo a déjà lancé son activité commerciale avec un certain succès notamment dans la ville de San Francisco, et a reçu l’accord des autorités locales pour opérer sur l’ensemble de la péninsule de San Francisco et à Los Angeles.

L'arrêt des tests et de la recherche serait préjudiciable. Mais la perception négative du public à l’encontre des AV, exacerbée par des promesses irréalistes de l'industrie sur l'avenir des voitures autonomes, complique son développement.

D’où l’idée de la téléconduite.

La téléconduite est portée par la société estonienne Elmo qui a lancé ses opérations à Tallinn, et la société allemande Vay dont le PDG Thomas Von der Ohe présente la conduite à distance comme une alternative à la conduite autonome. En complément d’un système de conduite autonome, elle pourrait empêcher les voitures de se retrouver bloquées dans des situations délicates et répondre aux préoccupations en matière de sécurité grâce au soutien d’un pilote humain à distance.

Fondée en 2018, Vay teste sa flotte de robotaxis et de conducteurs à l'aéroport abandonné de Tegel à Berlin et a ouvert son premier bureau aux Etats-Unis en 2023. En février, l'une de ses voitures est devenue la première à rouler sur une route publique en Europe sans personne à l'intérieur.

Une alternative intéressante, quand on sait qu’un rapport récent de S&P Global Mobility prévoit qu'une voiture « qui peut aller partout et faire tout ce qu'un conducteur humain peut faire » n'arrivera pas avant au moins 2035.

Sources : Morning Brew / Wired

Swiss Life et Vauban sur de bons rails

C’est l’histoire d’un train franco-suisse qui ne cesse d’atteler de nouveaux wagons à sa locomotive.

En 2021, Swiss Life Asset Managers et Vauban Infrastructure Partners lancent une OPA sur l’allemand Aves One, propriétaire d'actifs ferroviaires durables.

En avril dernier, la deuxième étape de cette main mise par le consortium franco-suisse s’enclenche. Attention à la marche en descendant du train ! La filiale du groupe Swiss Life et la filiale de Natixis Investment Managers mettent en œuvre le retrait obligatoire des actionnaires minoritaires d’Aves One AG par le biais de la fusion d’Aves One AG dans Rhine Rail Investment AG. Les anciens actionnaires du loueur de wagons sont priés de rester à quai.

Rhine Rail Investment AG, en tant que successeur légal d'Aves One AG, devient l'un des plus grands propriétaires de wagons en Europe.

En juin 2022, Swiss Life Asset Managers et Vauban Infrastructure Partners confirment leur vif intérêt pour le secteur ferroviaire avec l’acquisition du suisse Wascosa, l’un des principaux propriétaires et gestionnaires indépendants de wagons de marchandises en Europe. Fondé en 1964, Wascosa est présent dans plus de 20 pays et gère une flotte de 16 000 wagons, servant plus de 230 clients à travers le monde.

Avec ces deux investissements majeurs, le tandem Swiss Life Asset Managers et Vauban Infrastructure Partners constitue une plateforme de location de wagons, la quatrième en Europe, sur un marché en pleine consolidation.

Sources : Legal desire / Aves One / Option Finance / CF News Infra

Les startups de la mobilité subissent un coup d’arrêt

L’industrie de la location de voitures et du cycle empruntent une même trajectoire : les sorties de route sont nombreuses pour tous ces acteurs, toujours à la recherche d’un modèle économique viable.

À l’image de la start-up Cityscoot, spécialiste français de la location de scooters en libre-service, qui est désormais dans le giron de son concurrent espagnol Cooltra et ce, depuis février. Celle qui faisait partie des pépites de la French Tech n’a jamais atteint le seuil de rentabilité en dix ans d’existence. La crise Covid-19, l’avènement du télétravail et des vélos électriques l’avaient menée à un placement en redressement judiciaire fin 2023.

Même destin et temporalité pour Carlili, un néo-loueur de voitures sans agence qui permet de se faire livrer une voiture de location à domicile. La start-up, lancée en 2015 qui n’a jamais atteint le point de rentabilité est dorénavant sous la houlette de Rent-a-Car, acteur majeur dans le secteur. Un achat qui s’inscrit dans la stratégie d’innovation et de digitalisation du mastodonte français.

Le fabricant du vélo cargo Kiffy n’a lui pas eu la chance de trouver un repreneur. La société Easy Design Technology, conceptrice du vélo cargo électrique Kiffy, a dû mettre pied à terre et fermer boutique malgré une augmentation de son chiffre d’affaires. Inflation, chaîne d’approvisionnement rompue, les obstacles se sont multipliés sur la route de la start-up française.

Que dire de ceux qui s’aventurent dans l’autopartage ? Après le naufrage d’Autolib’, c’est désormais au tour de Zity d’arrêter ses activités d’autopartage en station en France. Face au free-floating, et malgré les 100 000 clients inscrits rien qu’à Paris, la filiale mobilité de Renault Group n’a pas réussi à trouver un modèle économique rentable.

Dans ce paysage moribond, Toosla tire son épingle du jeu. Le loueur de véhicules premium 100% digital trace sa route en se déployant dans les métropoles françaises. Avec une flotte stabilisée, Toosla prévoit une rentabilité légèrement augmentée pour 2024.

Le futur de la mobilité dépendra de la capacité de ses acteurs à innover et à trouver des modèles économiques durables. Les défis sont nombreux, mais les opportunités le sont tout autant pour ceux qui sauront s'adapter.

Sources: Le Monde du droit / Maddyness / Investir Les Echos / Journal du Geek / Les Echos

La citation de la semaine 🪶

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